Bonjour.
Moi (sans égocentrisme).
Jean, Roland, Raymond, Jacques (hé oui, 4 prénoms pour moi tout seul, c'est la totalité de l'héritage de mes parents et j'en suis fier).
Dupérey (origine savoyarde par mon Papa et Lorraine par ma Maman, hélas tous deux décédés, mon Papa des suites d'une longue maladie et ma Maman d'un bête accident
domestique).
Déclaré à Paris Xème, le 11 avril 1 937.
Enfance très heureuse malgré les travaux des bois et des champs habituels à la campagne, mais acceptés comme tout à fait naturels par toutes les filles et tous les
garçons de l'époque car on s'amusait sainement tout en travaillant dur pour être utiles.
Au début, pas d'électricité, pas d'eau "courante" (donc le minimum de toilette, c'était chouette), pas de gaz, mais des corvées de transport d'eau et de bois,
fruits et légumes à préparer pour les confitures et les conserves, des bêtes à entretenir et nourrir avant la nuit et dès le printemps, les bêchages, arrosages et binages du jardin.
A longueur d'année, la lessiveuse dans la vieille brouette en bois à descendre jusqu'au lavoir et à remonter une fois le dur travail de Maman terminé, ses mains
dans l'eau glacée qui sortait de la source.
Il y aurait tant à dire.
Évidemment, pas de sacro sainte télé, mais, après la soupe, la vaisselle et les devoirs à la lampe à pétrole, des veillées soit au clair de lune qu'on admirait à
travers une plume (essayez, vous serez agréablement surpris), soit au coin de la cheminée avec les leçons à réciter et des histoires, des devinettes, des chants...
Tout le monde participait, jeunes et anciens, en dégustant de savoureux fruits souvent sauvages (peut-être véreux, mais assurément réellement "bio" avant
l'invention du mot), de délicieuses tartes maisons, des beignets ou des châtaignes qui pétaient dans les braises.
A y repenser, les larmes me viennent aux yeux.
Et quand venait le moment du dodo, le ventre bien plein de bonnes choses, il nous fallait aller à tour de rôle aux "commodités" dans le fond du jardin, la lampe
tempête à la main et parfois la tête un peu inquiète des histoires de terribles bandits ou de redoutables sorcières, sous la pluie ou la neige avec toujours en prime le cri sinistre d'un
hibou ou d'une chouette;
On ne traînait pas pour rentrer.
A l'école, notre merveilleux instit, Monsieur S... s'arrachait les cheveux devant mon indifférence, mais j'étais quand même un excellant élève.
Quelle merveilleuse enfance nous avons eu, même si il nous arrivait de nous faire plomber les fesses d'un coup de fusil chargé au gros sel pour chapardage de
fruits (la plupart du temps encore verts, donc en plus de la brûlure du sel qui met une éternité à fondre et de la fessée, de bonnes coliques).
Et puis, il y avait "l'évènement": le passage 2 ou 3 fois l'année du cinéma ambulant dont le projecteur faisait un tel cliquetis que l'on devait souvent se
contenter des images sur un drap presque blanc (les enzymes n'existaient pas encore!); images souvent sans cohérence car si le projectionniste était d'un âge canonique et porté sur la
boisson, son matériel et ses films devaient être encore plus âgés que lui et n'en pouvaient plus d'être rafistolés.
Mais que d'heures passionnées passées à essayer, entre enfants, de reconstituer par imagination une histoire vraisemblable.
Et vu les questions qu'ils nous pausaient, je crois que les adultes refaisaient le scénario de leur côté.
Puis ce fut le certif, le centre d'apprentissage, le travail et le service militaire.
Une fois marié, devant les difficultés à boucler le budget en fin de mois, j'ai suivi des cours du soir durant des années, tout en faisant du travail supplémentaire
car les bourses, subventions et autres aides n'existaient pas et le prix d'un bouquin de maths n'a rien à voir avec celui d'un roman.
Je me suis retrouvé un beau jour ingénieur dans une grande entreprise dont la vocation était la sécurité.
Et j'ai fini ma carrière à 72 ans en profession libérale comme ingénieur conseils en sécurité.